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vangile et l’Apocalypse de saint Jean, parce que les Montanistes s’en servaient pour étayer leur doctrine du Saint-Esprit et leur chiliasme ; elle alla même jusqu’à combattre la divinité du Christ et les rapports du Verbe divin (Logos) avec la nature humaine, ce qui leur fit donner, par Épiphane, le surnom ironique d’Aloges[1]. C’étaient des antimontanistes, mais avant tout des ennemis de la divinité du Verbe.

§ 72. — Hérétiques rationalistes : Antitrinitaires ou Monarchiens.
Tillemont, t. II et III ; Mœlher, Athanase le Grand et l’Église de son temps, Ire part., 2e édit., p. 62 ; Staudenmaier, Philosoph. du Christ., Ire part., p. 469 sq. Dorner, Hist. du développ. de la doctrine de la personne du Christ ; 2e éd. P. I, p. 497 sq.

La raison humaine avait reçu de mortelles atteintes dans les doctrines fantastiques du gnosticisme et du montanisme, dictées par l’imagination la plus dévergondée. Par une réaction naturelle, la raison, reprenant ses droits, dédaignant ou repoussant les rêveries de la gnose, se jeta du côté opposé, voulut tout juger à sa mesure, tout apprécier suivant ses règles mesquines, tout expliquer suivant ses conceptions étroites, et se mit d’un côté à critiquer, à son point de vue borné, les expressions des saintes Écritures concernant la personne du Christ, désigné comme Fils de Dieu, Logos, et la Trinité de la Divinité marquée par les noms de Père, Fils et Esprit saint ; de l’autre côté, s’attachant au point de vue judaïque, à insister sur l’unité abstraite de Dieu (μοναρχία) en nommant, avec Philon, la Divinité une pure Monas. Ainsi la doctrine de la Trinité sainte, essence du Christianisme, était doublement attaquée et comprise de différentes manières ; car :

1o Les uns niaient toute espèce de rapport de Jésus avec la Divinité et le considéraient comme un pur homme.

2o Les autres, tenant à la divinité de Jésus-Christ, ne distinguaient plus les trois personnes de la Trinité, et prétendaient que Dieu s’était absolument manifesté dans le

  1. Héfélé, les Aloges et leurs rapports avec le montanisme. (Revue trim. de Tub., 1851, p. 564 sq.)