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Effrayés par les malheurs de leur chef, les manichéens s’étaient répandus en Judée, dans la Chine, dans l’Asie Mineure, en Égypte, au nord de l’Afrique et dans d’autres contrées de l’empire romain. Dioclétien les condamna au feu, à la décapitation, à l’exil, comme des sectaires dangereux [296]. Les brillantes promesses qu’ils faisaient de résoudre tous les mystères de la nature et leurs pratiques ascétiques attirèrent à leur doctrine et fascinèrent même de grands esprits, tel qu’Augustin. Seulement les penseurs moins solides que le fils de Monique restaient plus longtemps captifs de ces séduisantes erreurs. Le manichéisme n’avait de commun avec le Christianisme que certains noms.

Observation. — Cette secte, qui, sous plusieurs rapports, menaçait les bases de la société, fut sévèrement proscrite par les empereurs romains. Valentinien Ier interdit les réunions des manichéens. Théodose Ier les persécuta jusqu’à leur ôter tout droit civil. Au commencement du Ve siècle, saint Augustin les combattit d’autant plus efficacement, qu’il les avait connus par expérience. Valentinien III fit contre eux des lois plus sévères encore, ainsi que Léon le Grand, au nom de l’Église, de sorte que la plupart des manichéens finirent par entrer dans l’Église catholique. Il en resta toujours un noyau mystérieux, qu’on retrouve en Occident, dans le moyen âge.

§ 74. — Les Montanistes. — Les Aloges.
Tertull. de Pudicit. ; de Fuga in persec. ; de Jejun. ; de Monogam. ; de Cult. femin. ; de Virginib. veland. ; de Exhort. castitat. — Euseb. Hist eccles., V, 3, 14-19. Epiph. Hær. 48. — Sur les Aloges, voyez Iren. III. 11 ; Epiph. Hær. 51. Cf. Tillemont, t. III, p. 212-213 ; Kirchner, de Montanistis specimen. I. Jen., 1832. — Schwegler (le Montanisme et l’Église chrét. du ixe siècle. Tub. 1841) prétend ôter au montanisme toute base historique et y substituer une base mythique et idéale ! Rischl, Orig. de l’Église cathol., p. 476 sq. Héfélé, Montan et les montanistes dans le Dict. ecclés. de Frib., t. VII, p. 252-269. Dict. des hérésies, par Pluquet, art. Montan.

Cependant une doctrine tout opposée au gnosticisme et aussi outrée que lui se formulait dans le Montanisme. En effet, comme le gnosticisme avait substitué aux faits historiques et aux idées révélées de l’Évangile l’arbitraire de la pensée et les fantaisies de l’imagination, cherchant à enlever au Christianisme toute réalité objective, ainsi le mon-