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et rachetés que par le Christ (υἱός τοῦ αἰδίου φωτός, δεξιὰ τοῦ φωτός, υἱὸς τοῦ ἀνθρώπου, fils de l’homme primitif), qui, sous le règne de Tibère, se montre en Judée dans un corps apparent. Il souffre, mais sa Passion aussi n’est qu’apparente. Le vrai but de sa mission, c’est l’instruction des hommes. Il leur apprend à triompher des désirs du corps, à se purifier de plus en plus, pour arriver à la vraie justification, qui ne s’opère que par la séparation de l’esprit et du corps, à la mort. Ce n’est que par une série de métempsycoses que la plupart des âmes arrivent à leur terme, au plus pur éther (ἀὴρ τέλειος). Déjà les apôtres comprennent mal et interprètent d’une manière judaïque la doctrine du Christ ; et c’est pourquoi le Paraclet était nécessaire pour donner aux hommes l’intelligence de la vérité, et il parut dans la personne de Manès. Selon Manès, les livres de l’Ancien Testament sont l’œuvre des démons : il faut les rejeter, de même que la plupart des livres du Nouveau Testament ; il n’y a pas jusqu’aux épîtres, d’ailleurs estimables, de saint Paul, qui ne soient entachées de judaïsme[1]. La vérité ne se trouve que dans la doctrine de Manès[2]. La Triade divine qu’admet le manichéisme semble le rattacher au Christianisme. Mais, quand on l’examine de près, on voit que, sous cette doctrine de la Trinité, il n’y a que les formules abstraites d’une vague philosophie de la nature : le Christ et l’Esprit saint ne sont que des émanations divines, destinées à combattre le mal dans le monde ; plus tard c’est du Sabellianisme, que Faustus formule en disant : Il faut honorer Dieu sous trois noms : comme Père dans la lumière suprême, comme Christ dans la lumière visible (force dans le soleil, sagesse dans la lune), comme Esprit dans l’éther pur. Ainsi devait s’opérer la libération définitive de la lumière, dont le triomphe sur les ténèbres serait le signal de la fin du monde.

Manès, comme plusieurs gnostiques, distingue les initiés ou parfaits perfecti electi, des catéchumènes, auditores,

  1. Trechsel, Canon, critique, exégèse du manich. Berne, 1832.
  2. Elle est consignée surtout dans les écrits suivants : Mysteria capitula, evangelium, thesaurus, epist. fundamenti, dont il y a des fragments dans Fabricii Bibl. græc., p. 149.