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firmament, et avec les parties lumineuses les plus captives de la matière, il forma les créatures de la nature terrestre. Ainsi se répandit et s’épandit dans toute la nature, jusqu’aux plantes et aux pierres, la matière lumineuse et vivificatrice (Jesus patibilis). L’homme, comme les autres créatures, est un composé de matière et d’esprit, tirant son origine du royaume de la lumière. L’Archon des ténèbres engendra, avec sa femme (Nebrod), le premier homme, Adam, type du Dieu solaire (du Christ) quant à son âme, et du prince des ténèbres quant à son corps. Ce premier homme, foyer dans lequel toutes les forces du monde visible se concentrent, est par conséquent composé de deux natures et ainsi de deux âmes, la ψυχὴ λογική formée de parties lumineuses et la ψυχὴ ἄλογος formée de la matière de l’ὕλη sublimée, pleine de désirs terrestres et de convoitises sensibles. Mais pour empêcher l’homme, acquérant la conscience de son origine céleste, d’essayer de se relever vers sa patrie véritable, l’esprit des ténèbres lui associa une compagne : et l’homme, déjà soumis à l’instinct animal devint de plus l’esclave de la volupté, dont Ève fit naître le désir dans son cœur : et de là naquirent des enfants de plus en plus captifs des liens de la matière. Cependant il fallait que la race humaine fût délivrée, que la lumière fût dégagée des ténèbres, que l’esprit échappât au joug de la matière, puisque le monde, tel qu’il était, n’était qu’un résultat de la lutte des deux principes et d’un premier triomphe du bien. Et de là la libération physique et morale seconde donnée capitale du système manichéen. Pour opérer cette libération, le Christ, Dieu solaire, transforme les plus nobles puissances du soleil et de la lune en jeunes filles éblouissantes de beautés, en jeunes hommes non moins ravissants : il les fait apparaître aux démons des deux sexes, et cette vue les enflamme de désirs et d’ardentes passions ; mais bientôt les génies s’évanouissent ; les démons entrent dans une agitation terrible ; dans leur impuissante fureur, les vapeurs légères qui s’exhalent de leur sein enveloppent les semences lumineuses répandues dans le monde, et leur font prendre un rapide essor vers l’éther où les attire le soleil, dont le désir s’accomplit avec le succès de sa ruse. Cependant les hommes ne sont délivrés