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8.xxxmarcion.
Iren. Contra hær., I, 27. I. Contra Marc., lib. V. Clem. Alexand. Strom. διάλογος περί τῆς είς θεὸν όρθῆς πίστεως, ed. Wetstenius. Bas., 1674 ; parfois faussement attribué à Origène (Orig. Opp., ed. De la Rue, t. I). Les Philosophumena, p. 246-55. Epiph. Hær. 42 (Opp., t. I. p. 303 sq.). Cf. Tillemont. t. II, p. 266 sq.

Marcion, fils d’un évêque de Sinope, formula la gnose d’une manière toute particulière. Rejeté par l’Église de Sinope, il vint vers 150 à Rome, s’attacha au gnostique syrien Cerdon, et, d’accord avec lui, forma son système, d’après lequel la révélation divine, sans antécédent et sans aucun rapport avec ce qui précède dans l’histoire du monde, ne commence qu’avec le Christianisme et s’y manifeste tout aussitôt dans sa perfection. Il ne part point, comme d’autres gnostiques, des spéculations d’une métaphysique naturelle ou d’une philosophie de la nature, mais d’un point de vue moral, qu’il rattache à certains passages de saint Paul sur la liberté de la grâce en J.-C. qu’il interprète de la manière la plus fausse et la plus arbitraire, mal compris selon lui. Il distingue trois principes indépendants les uns des autres (ἀργαἱ) : θεὂς άγαθός, — δημιονργὸς δίϰαιος, — ὒλη, avec ὁπονηρός ou διάβολος. Pour justifier son opinion sur l’absence de toute révélation préparatoire du bon principe, il montre la grande distance qui sépare le Dieu du Christianisme et le Dieu des Juifs, créateur du monde, tels que leurs caractères ressortent des textes de l’Ancien et du Nouveau Testament : l’un miséricordieux, fondateur de la vraie moralité, partant d’une volonté libre ; l’autre rigoureux, auteur d’une justice stricte et légale[1].

Pour délivrer l’humanité de cet état de dégradation et de cette domination arbitraire et cruelle du Dieu des Juifs, le θεὂς άγαθός, le Dieu bon, mais inconnu, se manifesta par le Christ, descendu à Capharnaüm dans un corps apparent. D’abord il se fit prudemment passer pour le Messie du dé-

  1. Dans un ouvrage spécial « Antithèses. » Cf. Hahn, Antitheses Marcion. gnost. liber deperditus, nunc quoad ejus fieri potuit restitutus. Regiom., 1823.