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monde physique et moral la lumière et les ténèbres. Les corps, prison de l’âme, ne peuvent ressusciter. Le Christ avait revêtu un corps céleste. C’est par le charme de leurs hymnes que Bardesane et son fils Harmonius attirent et gagnèrent de nombreux adhérents[1]. Au IVe siècle Éphraïm le Syrien se vit encore obligé de composer pour le peuple des hymnes orthodoxes, afin de les opposer à ceux de Bardesane.

7.xxxtatien.
Iren. I, 26. Epiph. Hær. 46 (t. I p. 390). Theodoret. Hæreticor. Fab. I, 20. Philosophumena, p. 273. Cf. Tillemont, t. II, p. 410-18. Daniel, Tatien. Halle, 1837.

Contemporain de Bardesane, disciple de Justin le Martyr, Tatien fut d’abord un chaud défenseur du Christianisme. On trouve déjà dans son apologie des traces de la doctrine platonicienne sur la matière, et l’esprit de vie allié de la matière, opposé à la raison, et formant les esprits physiques. Dans la suite il forma un parti gnostique à Antioche. Sa théorie des æons ressemble à celle de Valentin. Il s’arrêta beaucoup sur les prétendues oppositions de l’Ancien et du Nouveau Testament. La parole créatrice, Fiat lux, n’était, selon lui, qu’un vœu du démiurge plongé dans les ténèbres. Il insistait sur la nécessité des abstinences les plus sévères : il montrait dans le Christ l’idéal de la vie virginale et condamnait le mariage comme une impureté, en s’appuyant sur le texte de saint Paul[2]. Ses partisans sont nommés Encratites, Hydroparastates, Aquariens, Sevériens. Ils ne se servaient que d’eau même à la messe, ainsi que les gnostiques. Cette altération de l’Eucharistie telle que l’administre l’Église leur était commune avec tous les gnostiques. D’après leurs idées sur la matière, dont leur docétisme était une conséquence, ils s’abstenaient de l’Eucharistie, au rapport de saint Ignace[3] : ils l’accommodèrent plus tard à leur système.

  1. Hahn, Bardesanes gnosticus, Syror. primus hymnologus, comm. Lipsiæ, 1819. Kuehner, Bardesanis gnostici numina astralia. Hildburgh., 1833.
  2. 1 Cor. VII, 5.
  3. Ignat. Epist. ad Smyrn., c. 7.