monde des corps et des âmes, auquel l’æon ὅρος apporta un pur élément spirituel pour l’unir aux âmes des hommes. Mais cette assimilation ne réussit pas complétement, et les âmes ne parvinrent point à s’élever entièrement au-dessus de l’élément matériel. Alors, pour rétablir l’harmonie de la divine πλήρωμα, de νοῦς émane une nouvelle paire d’æons (Χριστός et Πνεῦμα ἅγιον), et de tous les æons réunis provint Jésus (σωτήρ), futur époux (σύζυγος) d’Achamoth. L’æon Jésus s’unit au baptême avec le Messie psychique promis par le démiurge et arracha les hommes psychiques à la puissance de la matière, les pneumatiques à la domination du démiurge et aux observances judaïques. La lettre de la doctrine de Jésus et ses miracles opèrent, dans les hommes psychiques, la foi au Messie psychique. Les pneumatiques seuls, intérieurement vivifiés par la vérité et reconnaissant le libérateur, reviennent à la plérôma. À la fin du monde se fera une restauration suprême de toutes choses, ἀποκατάστασις. Les pneumatiques, dépouillant âme et corps, rentreront dans la plérôma avec Soter et Achamoth. Les psychiques resteront dans une sphère intermédiaire entre le monde des corps et la plérôma (μεσότης), les somatiques rentreront dans le néant de la matière (ὕλη).
Les disciples de Valentin, qui modifièrent ce système de diverses façons, furent Héractéon[1], Ptolémée[2], Secundus[3], Colorbasus[4] et surtout Marcus[5].
Observation. C’est surtout dans les ouvrages de saint Irénée[6] et de Tertullien[7] qu’il faut chercher les explications et les détails sur ce système des Valentiniens, qui forme une véritable mythologie chrétienne, dans laquelle, sous des images sensibles, il y a évidemment des idées spéculatives.
- ↑ Epiph. Hær. 36 (t. I, p. 262 sq.).
- ↑ Iren. I, 12 ; II, 4. Epiph. Hæer. 33 (t. I, p. 214 sq.).
- ↑ Epiph. Hær. 32. Tertull. Adv. Valent., c. 4 et 38. Theodoret. lib. I, c. 8.
- ↑ Iren. I, 12. Epiph. Hær. 35 (t. I, p. 258 sq.). Theodoret. lib. I, c. 12.
- ↑ Iren. I, 13 sq. Epiph. Hær. 34 (t. I, p. 232 sq.).
- ↑ Voyez Éclairc. sur ἄνθρωπος ; et Ἐκκλησία. Iren. I, 12, n. 3, p. 57 et 58. Sur νοῦς, comme source de toute vie, II, 13, n. 1, p. 129 ; II. 14.
- ↑ Tertull. Adv. Valent., c. 4 « Nominibus et numeris æonum distinctis in personales substantias, sed extra Deum determinatas.