par ses voyages et ses nombreuses relations, le soldat par la franchise des camps, l’esclave par sa position dans la famille. Chacun devenait missionnaire dans la place qu’il occupait[1]. La plus grande part d’influence appartenait aux esclaves, à qui l’on confiait l’éducation des enfants, et aux femmes, toujours plus généreuses et plus ardentes dans les choses religieuses. Ainsi s’explique l’absence de détails sur les missionnaires proprement dits. Chaque chrétien était missionnaire parmi ses compatriotes, et le Christianisme se répandait par mille canaux dans tous les détails de la vie[2]. Et si toutes ces causes ne nous expliquent point encore suffisamment le triomphe de l’Évangile sur le paganisme, ajoutons que la vertu mystérieuse du Sauveur agissait incessamment sur les cœurs[3], et que le don des miracles, si puissant sur les esprits, fut accordé à l’Église, dans toute sa plénitude jusque dans le IIIe siècle[4]. Les apologistes en appellent principalement aux guérisons miraculeuses, aux délivrances des possédés comme à des faits qui se passaient journellement sous les yeux des païens. Sans ce don des miracles et des guérisons, sans cette assistance divine toute spéciale, jamais l’Église n’aurait triomphé de l’opposition du paganisme, souvent si désespérée, dont nous allons parler tout à l’heure. C’est ce que S. Augustin fait remarquer avec son éloquence ordinaire[5].
- ↑ Euseb. Hist ecclesiast. III, 37. Justin. Dial. c. Tryph. c. 8. Origen. cont. Cels. III, 3, 10.
- ↑ Jean, VI, 44, 66 ; VII, 38 sq. ; XII, 32. — Just. Dial. c. Tryph., c. 7 : « Quand à toi, prie avant tout le Seigneur qu’il t’ouvre les portes de la lumière ; car personne ne peut reconnaître ou entrevoir ces choses si le Seigneur lui-même et son Fils Jésus-Christ ne les manifestent. »
- ↑ Justin. Apolog. II, c. 8 ; Dial. c. Tryph., c. 85. Tertull. Apolog., c. 23, de spectacul., c. 29. Iren. contra Hæres. II, 31, 32. Orig. contra Cels. I, 1, n. 3-10, n. 7 ; II, 1, n. 1. Euseb. Hist. ecclesiast. V, 7. Voir, sur la manifestatinplus grande des miracles, Mamachi Origin, et antiquitat. Christ., t. I, p. 363 sq. Dieringer, Théorie des faits divins du Chistian., t. I, p. 109 sq.
- ↑ Münter, les Chrétiens dans les familles païennes avant Constantin. Cop. 1828.
- ↑ August., de Civit. Dei, XXII, 5 : « Et ipse modus, quo mundus credidit, si consideretur, incredibilior invenitur. Ineruditos liberalibus disciplinis, et omnino, quantum ad istorum doctrinas attinet,