hommes fidèles, capables d’en instruire d’autres[1], de manière que l’épiscopat devînt la continuation de l’apostolat. Seulement les évêques devaient ne présider qu’une Église spéciale, n’agir que dans un ressort déterminé, tandis que les apôtres jouissaient d’une autorité universelle et illimitée. Divers passages du Nouveau Testament, et les conclusions qui en ressortent, prouvent que la volonté du Christ fut, en effet, que les Églises particulières fussent présidées par un chef unique et suprême (έπίσϰοπος), et non par plusieurs prêtres égaux en droits et en dignité (πρεσβύτεροι)[2]. Et tel fut aussi l’usage, dès le siècle apostolique. Les exhortations que saint Paul adresse à Tite[3], à Timothée[4] qu’il a laissés en Asie comme évêques, prouvent que celui qu’il nomme évêque exerce en effet une autorité suprême sur les prêtres. C’est ainsi que dans l’Apocalypse les reproches de saint Jean[5] s’adressent spécialement aux sept anges (chefs préposés) des Églises d’Éphèse, de Smyrne, etc., comme aux vrais représentants de ces Églises, quoiqu’il soit historiquement démontré que quelques-unes d’entre elles avaient plusieurs prêtres. Mais c’est surtout dans les lettres de saint Ignace († 107), Père des temps apostoliques, que la prééminence des évêques sur les prêtres est mise en relief : « Obéissez tous à votre évêque comme Jésus à son Père, et aux prêtres comme aux apôtres. Honorez les diacres comme la loi de Dieu ; que toutes choses se terminent dans la paix du Seigneur. Et puisque l’évêque tient la place de Dieu, et le prêtre celle de l’apôtre, soyez soumis à l’évêque comme à Jésus-Christ, aux prêtres comme aux apôtres ; ainsi l’ont ordonné les apôtres eux-mêmes[6]. » Si cette prééminence n’eût pas existé, comment, dans leurs controverses avec les hérétiques, les docteurs de l’Église
- ↑ 2 Tim. II, 2.
- ↑ Πρεσβύτεροι, conformément à l’hébreu זֵקְנִם (zekenim), les anciens, c’est-à-dire les chefs des synagogues, membres du sanhédrin.
- ↑ Tit. I, 5.
- ↑ I Tim. V, 17.
- ↑ Apoc. c. II et III.
- ↑ Ep. ad Smyrn. c. 8 ; ad Magn. c. 6 ; ad Trallian. c. 2, et autres pass. Cf. ad Philad. c. 3. Ὅσοι γὰρ Θἑοῦ εἰσιν καὶ Ἰεσοῦ Χριστοῦ, οὗτοι μετὰ τοῦ ἐπισκόπου εἰσιν. Ad Polycarp. c. 6. Τῷ ἐπισκόπῳ προσέχετε, ἵνα καὶ ὁ Θεὸς ὑμῖν.