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spirituelle dont la nation entière avait besoin, pour entrer sérieusement dans le royaume du Messie, βαπτισμὸς μετάνοιας.

Jean annonçait, le royaume du Messie, non, selon l’attente de la masse du peuple, comme un royaume temporel, mais comme une institution morale et religieuse. Sans égard à la filiation charnelle des enfants d’Abraham, c’était à ceux qui changeraient de mœurs qu’il, promettait la participation au royaume du ciel. « N’allez pas dire, s’écriait-il, nous avons Abraham pour père ; car je vous déclare que Dieu peut faire naître de ces pierres mêmes des enfants d’Abraham[1]. » Quelque étonnant que cela parût aux Juifs d’alors, la mission divine dont était chargé le Précurseur, et qu’il prouvait par la vertu et la vérité de sa parole, lui donna une influence merveilleuse et qui se répandit bien au loin. Son humilité en était d’autant plus grande ; elle lui faisait rejeter toute louange, toute estime de son mérite. Il n’en était que plus ardent à désigner au peuple celui qui devait baptiser après lui dans le feu et dans le Saint-Esprit[2], et dont il se déclarait indigne de délier les cordons de souliers[3]. Mais Jésus vient lui-même au Jourdain pour être baptisé, et alors Jean, éclairé par un miracle subit, le reconnut et le proclama comme Messie : car une voix du ciel vint au nom du Père reconnaître son Fils bien-aimé, et l’Esprit saint planant sur lui, sous la forme gracieuse d’une colombe, la Trinité divine se manifesta tout entière au Jourdain[4] ? « Désormais, dit Jean, il faut que Jésus croisse et que je diminue. » Ainsi s’éclipse l’étoile du matin devant le soleil levant[5]. Représentant de la justice divine, Jean ne fait point acception de personnes : « Race de vipères, dit-il aux sadducéens, aux doctes et hypocrites pharisiens, qui vous a appris à fuir la colère qui vous menace[6] ? » et au tétrarque Hérode : « Il ne vous est point permis de garder Hérodiade, la femme de votre frère[7]. » Jean est une lampe ardente qui brille dans les ténèbres de ce monde ; beaucoup se sont réjouis à la clarté de sa lumière, mais ils ne changent ni

  1. Matth., III, 9-10.
  2. Matth., III, 11 ; Luc, III, 16.
  3. Jean, I, 27.
  4. Matth. III, 13-17 ; Jean, I, 33.
  5. Jean, III, 30.
  6. Matth., III, 7.
  7. Matth., XIV, 4.