saient devoir déduire leur nom de פּוֹרֵשּׁ (pôresh), c’est-à-dire ἐξηγητἠς τοῦ νόμου (exêgêtês tou nomou), formaient par la tradition orale (kabbalah) une sorte de théologie spéculative, qui, par une exégèse tout allégorique, devenait le commentaire de l’Ancien Testament. Plus tard, ce fut sur cette tradition qu’ils s’appuyèrent pour justifier la multiplicité extraordinaire de rites et de cérémonies qu’ils introduisirent dans la pratique de la loi. L’esprit vivant du rite se trouvait ainsi écrasé sous la forme, et la cérémonie, dépouillée de sa vie intérieure et de son sens profond, passait pour l’essence de la religion. De là leur opposition à Jésus, et à l’adoration en esprit et en vérité qu’il enseignait ; opposition si prompte, si déterminée, si opiniâtre et enfin si décisive. Ils accomplissaient les œuvres extérieures avec une prodigieuse activité, un scrupule et un zèle minutieux qui, le plus souvent, couvrait la perversité de leurs cœurs. Sérieux par leur éducation, ils cherchaient encore à se distinguer de la foule par leur apparence austère et sainte. Et c’est cette tendance caractéristique à s’élever au-dessus de la multitude qui est marquée par leur nom, tiré, selon toute vraisemblance, de פָּרוּשׁ (paroûsh), c’est-à-dire séparés du peuple, élus, pieux[1]. Le Christ s’en prit surtout à cet orgueil, à cette sainteté apparente[2], à cette hypocrisie ambitieuse[3]. Les pharisiens étaient les vrais meneurs religieux et politiques du peuple ; ils voulaient passer aussi pour les Patriciens de la nation, et usaient de toute leur influence pour assurer leur domination. On ne peut cependant envelopper dans cette accusation d’hypocrisie tous les pharisiens, qui, du reste, en défendant la doctrine de la liberté humaine, de l’immortalité de l’âme, et par leur inviolable attachement à la parole divine, étaient incomparablement supérieurs aux Sadducéens. Plusieurs agissaient avec droi-
- ↑ Cf. Josephi Ant. XVII, 2, 4. — Epiphan. Hæres, 16, c. 1, in fine.
- ↑ Matth. XXIII, 5-7 ; XIII, 28-32 ; Luc. XI, 37-54.
- ↑ Marc, VII, 2 ; Matth. XV, 2-3 ; Jean, IX, 16.
nullement surpris de trouver ce qu’il y a de plus saint, de plus intime, de plus propre à faire le bonheur de l’homme, la religion, expliquée par une tradition vivante, qui accompagne les lois civiles et interprète d’un point de vue élevé les obscurs enseignements du texte, sacré. » (1re part., p. 6-8.)