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ANTHOLOGIE FÉMININE

des XVIIe et XVIIIe siècles. Très jeune, elle fut présentée à l’hôtel de Rambouillet, où Mlle de Scudéry et Mme de Montausier la proclamèrent une « vraie merveille ». Ses premiers maîtres avaient été Ménage et le Père Rapin. À l’hôtel de Rambouillet elle trouvait, en pleine jeunesse et à l’aurore de son talent, celui que l’on devait surnommer plus tard « l’aigle de Meaux ». Modeste, belle à ravir, douce, vertueuse, elle ne tirait aucune vanité de ses fortes études classiques, où Virgile avait le premier pas. À vingt-deux ans, elle distingua le comte de La Fayette, qu’elle épousa ; mariage tranquille et de raison. Le goût d’écrire et de produire ses écrits lui vint de son intimité avec Segrais, qu’elle accueillit dans sa maison quand Mlle de Montpensier le chassa par caprice, et plus encore de sa grande amitié avec le duc de La Rochefoucauld, qui eut une importante influence sur sa vie entière et dont elle disait : « M. de La Rochefoucauld m’a donné de l’esprit, mais j’ai reformé son cœur », pendant que lui créait pour elle cette éloquente et simple épithète de « vraie ».

Segrais signa ses premiers ouvrages, Mademoiselle de Montpensier et Zaïde. Peu après parut la Princesse de Clèves, que Taine définit avec tant de justesse dans une comparaison avec les Mémoires de Saint-Simon :

« Le petit livre de Mme de La Fayette est un