Page:Alquie - Anthologie feminine.djvu/70

Cette page a été validée par deux contributeurs.
56
ANTHOLOGIE FÉMININE

Mlle de Scudéry a embrassé la carrière de femme de lettres par besoin, pour subvenir à la vie quotidienne de sa famille et d’elle-même. Ce fut en dissimulant son nom et sous la signature de son frère qu’elle publia ses premiers ouvrages : Les Aventures de Baisa, Harangues de femmes illustres, Cyrus, et les premiers volumes de Clélie. Pendant la publication de cet ouvrage son secret fut divulgué. Elle écrivit alors sans signer Célinte, Mathilde, la Promenade de Versailles, deux volumes de Conversations, des vers et des lettres.

On lui reproche, défaut propre à bien des écrivains qui sont obligés de produire trop vite, de ne pas assez soigner ses écrits. Cependant, elle n’en remporta pas moins le prix d’éloquence à l’Académie, sur le sujet de la Gloire. La sienne était alors à son apogée. Le roi Louis XIV assistait à la réunion, où elle fut acclamée par la cour et par le public. Dès lors, ses ouvrages furent traduits dans toutes les langues et aucun genre de célébrité ne lui fit défaut, car elle était aussi charitable et vertueuse que spirituelle.

Elle mourut à quatre-vingt-quatorze ans, après avoir continué jusqu’au dernier moment, quoique valétudinaire, à être l’âme et l’esprit de l’hôtel de Rambouillet, et après avoir, hélas ! vu mourir tous ses amis, y compris Pellisson, si renommé par sa laideur, et qui l’était à peine autant qu’elle : Mlle de Scudéry n’était point belle et ne con-