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ANTHOLOGIE FÉMININE

illustre princesse ma dame Marguerite de Lorraine, duchesse de Joyeuse. À Paris, 1581, pour Lucas Breger, tenant sa boutique au second pillier de la grand’salle du Palais.


DISCOURS


Nous avons bien souvent à mespris une chose,
Ignorans la vertu qui est en elle enclose,
Faute de rechercher diligemment le pris
Qui pouvoit estonner en après nos esprits :
Car, comme un coq qui treuve une perle perdue,
Ne sçachant la valeur de la chose incognue,
Ainsi, ne peu s’en faut, l’homme ignare ne sçait
Quel est entre les deux sexes le plus parfait.
Il me plais bien de voir des hommes le courage,
Des hommes le sçavoir, le pouvoir, l’avantage,
Il me plais bien de voir des hommes la grandeur ;
Mais, puis si nous venons à priser la valleur.
Le courage, l’esprit et la magnificence.
L’honneur et la vertu et toute l’excellence
Qu’on voit luire toujours au sexe féminin,
A bon droit nous dirons que c’est le plus divin.
............
Allons donc plus avant, venons à la douceur
Et sainte humanité dont est remply leur cueur.
S’est-il treuvé quelqu’un qui n’eut l’âme saisie
De semblable bonté, faveur et courtoisie ?
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Pleurez, mes yeux, pleurez, et ores de vos pleurs