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PREMIÈRE PÉRIODE

Puis, quand je croy ma joye estre certaine
Et estre en haut de mon désiré heur,
Il me remet en mon premier malheur.

II

Tant que mes yeux pourront larmes espandre
À l’heur passé avec toy regretter,
Et qu’aux sanglots et soupirs résister
Pourra ma voix, et un peu faire entendre ;

Tant que ma main pourra les cordes tendre
Du mignart luth pour tes grâces chanter,
Tant que l’esprit se voudra contenter
De ne vouloir rien fors que toy comprendre,

Je ne souhaitte encore point mourir ;
Mais quand mes yeus je sentiray tarir.
Ma voix cassée et ma main impuissante,

Et mon esprit, en ce mortel séjour,
Ne pouvant plus monstrer signe d’amante,
Priray la mort noircir mon plus cler jour.


ÉLÉGIE

Vous qui lisez, ô dames lionnoises…
............
Ne veuillez point condamner ma simplesse
Et jeune erreur de ma folle jeunesse.
Si c’est erreur ; mais qui, dessous les cieus,
Se peut vanter de n’estre vicieus ?