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ANTHOLOGIE FÉMININE

minait de toutes les vertus et de tous les talents. Dans son isolement, elle avait demandé à la poésie un adoucissement à ses maux. L’Académie des Jeux floraux voulut, à son tour, forcer sa retraite en l’invitant à venir recevoir dans ses concours un Souci funèbre offert à l’harmonieuse expression de sa douleur. Paule ne résista pas à ce touchant témoignage des regrets publics ; elle se rendit au milieu d’une de ces fêtes brillantes, couverte de vêtements noirs et le crêpe au front. D’une voix pleine de sanglots, elle consentit à divulguer ses regrets. Elle chanta l’amour maternel dans ses joies et dans ses tristesses.

Le dernier soupir de cette élégie se trouve entre nos mains, nous le donnons ici. Elle peut rivaliser avec l’Enfantelet de Clotilde de Surville :

Le tendre corps de mon fils moult chéry
Gist maintenant dessoubs la froide lame ;
Dans les cieuls clairs doit triompher son âme,
Car en vertu tousjours il fut nourry.
Las ! j’ai perdu mon beau rosier fleury,
De mon vieux temps l’orgueil et l’espérance ;
La seule mort peut donner allégeance
Au mal cruel qui mon cœur a meurtry.
Or, adieu donc, mon enfant moult chéry.
De toi mon cœur gardera souvenance !


En 1564, âgée de quarante-cinq ans, elle fut encore proclamée la plus belle dame de France