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ANTHOLOGIE FÉMININE

de notre époque, dans le genre pouvant être lu en famille.


MANUELA

Mme la duchesse d’Uzès (Anne de Rochechouart, de Mortemart) épousa M. le duc de Crussol, depuis duc d’Uzès, et réunit ainsi dans son écusson les armes des deux plus anciennes familles de l’aristocratie française. Veuve fort jeune avec quatre enfants (deux fils et deux filles), et une fortune immense à administrer, elle a fait preuve de bonne heure d’une énergie et d’une sagesse dénotant le caractère fortement trempé et singulièrement doué dont elle est favorisée. Ne se contentant pas d’être la plus exquise grande dame dans son splendide château de Bonnelles et de Boursault, chasseresse intrépide et mère de famille exemplaire, elle a failli, entraînée par son bon cœur, devenir une femme politique. Elle a pu rester « populaire » en ce temps de démocratie, grâce à sa charité inépuisable, qu’elle accomplit en payant de sa personne : on l’a vue panser les ulcéreux et distribuer le pain et la soupe elle-même, revêtue de la livrée d’infirmière, dans les hivers malheureux. Nous avons dû effleurer ce côté de sa vie privée pour faire ressortir la personnalité peu banale de « Manuela », qui trouve