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PREMIÈRE PÉRIODE

« Les trois strophes qui suivent, en langue d’oc, donneront une idée de ses poésies ; elles remontent à l’an 1499. Elles ont été retrouvées par le savant M. Dumège, dans un manuscrit de l’abbaye de Saint-Savin. Ce sont des larmes plutôt que des vers ; c’est comme un chant du cygne, harmonieux et plaintif :

Ciutat de mos aujols, ô tan genta Tholosa !
Al fis aymans uffris senhal d’onor ;
Sios a james digna de son lausor,
Nobla coma totjorn, et totjorn poderosa !

Soèn à tort l’ergulhos en el pensa
Qu’on drad sera tostems del aymadors ;
Mes io say ben que les joëns Trobadors
Oblidaran la fama de Clamensa.

Tal en los cams la rosa primavera
Floris gentil quan torna lo gay tems ;
Mes del vent de la nueg brancejado rabems,
Moris, et per totjorn s’oblida de la terra[1].

  1. M. Stéphen Liégeard nous les traduit sur sa lyre d’or dans l’Éloge de Clémence Isaure, pièce de vers lue au Capitole en 1867 :

    …Et, lorsque s’approchait l’heure mélancolique
    De quitter tes amis pour t’élancer vers Dieu,
    On entendit l’écho d’une harpe éolique
     Répéter ton dernier adieu :

    « Cité de mes aïeux, — disait-il, — ô Toulouse,
    « Que la gloire à jamais étincelle à ton front !
    « De l’hommage des preux reste toujours jalouse :
    « Quant à mon nom, hélas ! je sais qu’ils l’oublieront.