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ANTHOLOGIE FÉMININE

avec une direction toute neuve, des artistes frais engagés, des peintures rafraîchies et des intentions absolument littéraires. Je ne me rappelle plus par suite de quelles circonstances je fus priée de faire un prologue en vers pour cette petite fête. Un prologue en vers déclamé devant la critique parisienne ! Le cœur me battait bien fort ; je fis mon prologue, qui obtint quelque succès. M. de Banville voulut bien en reproduire quelques vers dans un feuilleton du lundi suivant, et la direction, enthousiasmée, tout en refusant avec fermeté de me jouer une pièce de quelque importance, me demanda un acte en prose. J’écrivis À la campagne, je le fis copier et le remis dans les mains du directeur.

Je m’étonnais de ne pas avoir encore reçu de bulletin de répétition, lorsqu’un jour, vers deux heures de l’après-midi, je reçus une lettre. On m’envoyait tout un service, loges, fauteuils d’orchestre et balcon, pour la première représentation qui devait avoir lieu le soir même, M. Durand-Gréville courut au théâtre… on avait oublié de me prévenir, tout simplement ! Je ferai quelque jour un monologue avec l’état d’esprit d’un auteur auquel arrive pareille aventure. Mais est-ce jamais arrivé à d’autres ? Malgré mes dispositions naturelles à me méfier de l’idée si répandue, et au fond flatteuse : « ces choses-là n’arrivent qu’à moi ! » je ne puis m’imaginer qu’il y ait beaucoup d’auteurs qu’on ait oublié d’inviter à suivre les répétitions de leur pièce.

On donnait À la campagne le soir même, c’était positif, — et l’on avait aussi oublié d’inviter la critique ; —