Page:Alquie - Anthologie feminine.djvu/400

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
386
ANTHOLOGIE FÉMININE

à revers, le cou serré dans la haute cravate blanche, et le chapeau à cocarde posé sur le bord des yeux, un cocher tel que la grâce mignarde du XVIIIe siècle l’aurait reproduit en pâte tendre, plein de malice et d’élégance sous la livrée populaire d’un cocher de l’Urbaine, la princesse de Metternich faisait une entrée étourdissante, et d’une petite voix aigrelette détaillait ses couplets, avec plus de verve et d’esprit qu’on n’en a jamais entendu sur aucun théâtre :


D’un bout à l’autre de Paris,
En voiturant jusqu’à leur porte
Un tas de gens de toutes sortes,
J’observe et j’ai beaucoup appris !
Primo, je vais prendre à la gare
Les voyageurs et leur colis ;
Les premiers dans cette bagarre
Ne sont pas toujours très polis.
Quand tout commence à s’animer,
J’ai déjà fait plus d’une course ;
À midi je jette à la Bourse
Les pigeons qui s’y font plumer.
..........
Le soir, c’est quelque bon ménage
Qu’on mène au bal, et, quelquefois.
Pour ne pas déranger la cage[1],
Le serin monte auprès de moi !

  1. À cette époque, les femmes portaient des crinolines appelées cage.