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ANTHOLOGIE FÉMININE

une jeune et noble vierge de Toulouse, Clémence Isaure, qui vivait en ces temps de deuil, vit les autels de la patrie désertés, et prête à s’éteindre cette vive flamme de l’esprit qui avait projeté tant d’éclat sur sa patrie. Dès lors, elle n’eut plus qu’une pensée, remettre en honneur un culte dont elle devait être tout ensemble la prêtresse et la muse. Pour ce faire, elle rallia autour de sa bannière les débris épars du vénérable Collège....

« Tous ceux qui tenaient encore un luth, tous ceux qui n’avaient point désappris le rythme harmonieux de la « sirvente » et du « tenson », furent convoqués, chaque année, le 3 mai. C’était la date anniversaire de la fête de 1324, où Vidal, le premier, avait cueilli la Violette. À cette tige, unique récompense d’alors, Isaure, sous le nom de Fleurs nouvelles, en ajouta deux autres, le Souci et l’Églantine..........

« Peu de temps suffit à grouper les poètes dispersés au vent de l’orage. Bientôt, Bertrand de Roaix, par des vers pleins de grâce et de mélodie, conquiert la moderne Églantine, tandis que la dame de Villeneuve fait applaudir sa canso adressée à Clémence Isaure. Elle-même, la patronne de ces solennités littéraires, ne dédaignait point de prendre parfois en main le luth d’ivoire. Alors, pareille à la jeune fille du conte des fées, elle laissait tomber de ses lèvres des roses et des diamants, des perles ou des saphirs.