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ANTHOLOGIE FÉMININE

À Madame Potonié-Pierre, secrétaire du groupe « la Solidarité des femmes ».
Paris, le 9 Janvier 1893.
Madame et citoyenne,

Mille grâces de l’offre, mais il y a méprise, mon refus de 1885 vous en était garant.

Sur le terrain économique — c’est-à-dire la défense des intérêts et des droits féminins, en ce qu’ils ont de sérieux et de sacré — je suis votre homme ! Sur le terrain politique, je persiste à méconnaître les délices du suffrage universel, quelque sexe qui y doive participer — ce n’est point quand la pomme est pourrie qu’il faut y mordre !

Donc, trop « arriérée » comme femme, fière du rôle abnégatif et maternel que la nature m’a dévolu, aucunement tentée de déchoir aux masculines ambitions ; donc, trop « avancée » comme bas-bleu, plutôt gouailleuse quant à l’efficacité du vote, je ne me sens mûre que pour l’abstention.

Recevez, madame et citoyenne, mon fraternel salut.

séverine.

Mme  Potonié-Pierre est aussi une femme écrivain, défendant les droits des femmes, ainsi que Mme  Maria Deraisme et toute une catégorie de femmes politiques que la place nous manque pour étudier ici.

Dans le même ordre d’idées de Séverine il faut nommer Louise Michel, qui a écrit plusieurs volumes.