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PREMIÈRE PÉRIODE

Il est vrai qu’on a voulu nous arracher Clémence Isaure, comme on veut démolir notre héroïque Jeanne d’Arc, en traitant de légende tout ce qui est souvenir ! Il y en a qui prétendent que Clémence Isaure n’a jamais existé, mais les historiens ont remonté aux sources. M. Stéphen Liégeard examine à Toulouse même les documents relatifs à l’existence de la noble et poétique dame, et avec la certitude la plus éclairée nous renseigne.

Le voyageur allemand Jodocus Sincerus, qui visita la France vers 1610, rapporta la copie d’une inscription latine placée dans le Capitole, que M. Stéphen Liégeard a également vérifiée, et qui ne laisse aucun doute :

Clémence Isaure, fille de Louis Isaure, de l’illustre famille des Isaure, s’étant vouée au célibat, comme l’état le plus parfait, et ayant vécu cinquante ans vierge, établit pour l’usage public de sa patrie les marchés au blé, au vin, au poisson et aux herbes, et les légua aux capitouls, à condition qu’ils célébreraient chaque année les jeux floraux dans l’Hôtel de ville qu’elle avait fait bâtir à ses dépens, qu’ils y donneraient un festin, et qu’ils porteraient des roses sur son tombeau ; que, s’ils négligeaient d’exécuter sa volonté, le fisc s’emparerait, sous les mêmes charges, sans autre forme de procès, des biens légués. Elle a voulu qu’on lui érigeât, en ce lieu, un tombeau où elle repose en paix. Elle a fait cette inscription de son vivant.

« La poésie tombait un peu en désuétude quand