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TROISIÈME PÉRIODE

avec celles de n’importe quelles femmes poètes de notre siècle, quoiqu’elles soient écrites à plume levée. C’est surtout à ce titre que nous la comprenons dans cette Anthologie, d’autant plus que, jusqu’ici, elles n’ont pas été réunies en volumes, et n’ont paru que dans la collection des Causeries familières ; elles méritent cependant de survivre :


SUR UNE ROSE
rêverie


Avez-vous quelquefois, passant par un sentier,
Entrevu tout à coup dans l’ombre et la verdure
Une rose sauvage, enfant de l’églantier,
Quand vous alliez cueillir ou la fraise ou la mûre ?

Alors que faisiez-vous, tout le long du chemin ?
En récoltant des fleurs un peu partout, dans l’herbe,
Vous formiez un bouquet bien gros pour votre main,
Orné tout aussitôt de la rose superbe.

Mais quelques pas plus loin, la brise s’élevant
Emportait doucement les feuilles de la rose ;
Elle mourait le soir, née au soleil levant !
Et vous n’y pensiez pas ! C’était si peu de chose !

Si, comme moi, pourtant, vous aviez, par hasard,
Entendu les accents de ces fleurs gracieuses,
Vous n’auriez pas, je crois, alors passant plus tard,
Arraché sans regret ces roses amoureuses.