Garde comment tu jugeras,
Car devant le grant juge iras.
Ayes pitié des pauvres gens
Que tu voys nuz et indigens,
Et leur aydes quand tu porras ;
Souviengne-toi que tu morras.
Aymes qui te tient amy
Et te gard de ton ennemy ;
Nul ne peut avoir trop d’amys,
Il n’est nulz petits ennemys.
Ne soyes decepveur de femme,
Honore-les, ne les diffame,
Soffise-toi d’en amer une,
Et ne prens cointance à chacune.
Se tu prens femme accorte et sage,
Croy-la du fait de ton mesnage,
Adjoutes foy à sa parolle,
Mais ne te confesse à la folle.
Se tu sçayes qu’on te diffame
Sans cause, et que tu ayes blasme,
Ne t’en courrouce. Fais toujours bien,
Car droit vaincra, je te dys bien.
D’aucun parle à toy bien prends garde
La fin que le parlant regarde,
Et, se cest requeste ou semonce,
Pense ung petit avant responce.
Page:Alquie - Anthologie feminine.djvu/34
Cette page a été validée par deux contributeurs.
20
ANTHOLOGIE FÉMININE