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ANTHOLOGIE FÉMININE

dans des journaux de famille, mais elle a été vite oubliée. Qui est-ce qui lit maintenant Élisa Mercœur ?

Cette jeune fille, qui possédait certainement la flamme poétique, naquit à Nantes, et apprit seule le latin et l’anglais. Croyant comme bien d’autres pouvoir arriver par sa plume à la gloire et à la fortune, encouragée par une lettre flatteuse de Chateaubriand, comme en écrivent trop à la légère les hautes personnalités, qui songent bien davantage à laisser un souvenir sympathique qu’à être réellement utiles, elle vint à Paris avec sa mère et n’y rencontra que déboires et dégoûts.

Ses vers se distinguaient cependant par la grâce, la sensibilité, le rythme harmonieux. Une nouvelle qu’elle publia dans un journal, la Comtesse de Villequier, dénote une grande puissance dramatique, et une tragédie, Boadbil, prouve qu’elle eût sans doute écrit pour le théâtre. Patronnée par Victor Hugo, après bien des luttes et des efforts, elle obtint une pension du gouvernement, qui lui fut enlevée par la révolution de juillet avant qu’elle en eût touché même le premier quartier. De privations et de langueur, elle mourut en 1835.

Après sa mort, son talent fit plus de bruit que de son vivant. Sa mère publia une édition de ses œuvres complètes et put recueillir une souscription pour lui élever une tombe au Père-Lachaise, sur laquelle on a gravé quelques-uns de ses vers.