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TROISIÈME PÉRIODE

dans une famille adonnée à la littérature et aux beaux-arts. Ses œuvres ne sont pas nombreuses, car elle est morte jeune, mais elles renferment un sentiment poétique rare, et qui les a fait rechercher. Nous la plaçons ici parce qu’elle appréciait hautement Eugénie de Guérin.


AU CAYLA
sur la tombe d’eugénie de guérin


C’est là qu’elle vivait, belle fleur solitaire,
Entre un rayon du ciel et l’ombre du mystère,
Lorsque sur son coteau Dieu la cueillit pour nous.
Sentiers qu’elle foula, vous en souvenez-vous ?
Ô triste et doux passé ! souvenirs pleins de charmes.
Passant, donne à sa tombe et des chants et des larmes !
Ange, elle a tant prié ! femme, elle a tant souffert !
Parfums, brise des bois, murmure, saint concert,
Vous aviez pour monter l’aile de son génie.
Mais le monde ignorait le secret d’Eugénie !
Elle cachait sa lyre et filait son fuseau.
Du laurier, bien souvent, le glorieux rameau,
En éclairant le front jette une ombre sur l’âme.
Et Dieu même, gardien de ce doux cœur de femme,
  N’a couronné que son tombeau.

(Élévations.)