forcés d’être ingénieux, c’est-à-dire d’utiliser les recoins, d’improviser des tabourets microscopiques. Depuis onze heures jusqu’à deux heures les portes furent assiégées…
Mais nous connaissons cela ; ce qui est moins banal, c’est la lettre qui nous apprend comment et quand fut écrite la belliqueuse poésie d’Alfred du Musset :
Nous l’avons eu, votre Rhin allemand,
Il a tenu dans notre verre.
Un Allemand obscur, Becker, avait osé envoyer à Lamartine un tas de méchants vers parmi lesquels se trouvait le Rhin Allemand, autrement dit la Marseillaise de l’Allemagne :
« Ils ne l’auront pas, le libre Rhin allemand, quoiqu’ils le demandent dans leurs cris comme des corbeaux avides… »
Lamartine, avec un dédain sublime, répondit par un noble chant, qu’il appela la Marseillaise de la Paix :
Roule, libre et superbe, entre les larges rives,
Rhin ! Nil de l’Occident, coupe des nations
Et des peuples assis qui boivent tes eaux vives.
Emporte les défis et les ambitions !
Il ne tachera plus le cristal de ton onde,
Le sang rouge du Franc, le sang bleu du Germain !
Ces beaux vers venaient de paraître dans la Revue des Deux-Mondes, et, chez Mme de Girardin, « plusieurs ouvriers en poésie » réunis, Théophile Gautier, Balzac, Alfred de Musset et la maîtresse de la maison, lisaient chacun leur strophe préférée, Mme de Girardin, après