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TROISIÈME PÉRIODE

premières noces à M. Liottier, agent de change, et en secondes noces à M. Gay, receveur général du département de la Roër, a laissé de jolies poésies et quelques ouvrages non sans mérite ; sa grand’mère était Francesca Peretti.

« La première fois que nous vîmes Delphine Gay, raconte Théophile Gautier, c’était à cette orageuse représentation où Hernani faisait sonner son cor comme un clairon d’appel… Quand elle entra dans sa loge elle se pencha pour regarder la salle, qui n’était pas la moins curieuse partie du spectacle ; sa beauté, — belleza folgorante, — suspendit un instant ce tumulte et lui valut une triple salve d’applaudissements. Cette manifestation n’était peut-être pas de bien bon goût, mais considérez que le parterre ne se composait que de poètes, de sculpteurs et de peintres, ivres d’enthousiasme, fous de la forme, peu soucieux des lois du monde. La belle jeune fille portait alors cette écharpe bleue du portrait d’Hersent, et, le coude appuyé au rebord de la loge, en reproduisait involontairement la pose célèbre : ses magnifiques cheveux blonds, noués sur le sommet de la tête en une large boucle selon la mode du temps, lui formaient une couronne de reine et, vaporeusement crêpés, estompaient d’un brouillard d’or le contour de ses joues, dont nous ne saurions mieux comparer la teinte qu’à du marbre rose. »

Dans tous les écrits du temps, on retrouve cet