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TROISIÈME PÉRIODE

intéressants que bien des Mémoires et seront certainement réédités quand ils seront tombés dans le domaine public. Les salons, qu’elle décrit sur le vif, de Mme Vigée-Lebrun, de la duchesse d’Abrantès, du baron Gérard, etc., étaient fréquentés par les notabilités littéraires et artistiques, et elle donne à chacun son dû ; ainsi, dans le salon du baron Gérard :

On rencontrait Henri Beyle (Stendahl, l’auteur de Rouge et Noir, de la Chartreuse de Parme, etc.), dont rien ne peut rendre la piquante vivacité et qui avait avec M. Mérimée des entretiens inimitables par l’originalité tout à fait opposée de leur caractère et de leur intelligence, qui faisaient valoir l’un par l’autre et élevaient par la contradiction à leur plus haute grande puissance des esprits de si haute portée. Beyle était ému de tout, il éprouvait mille sensations diverses en quelques minutes. Rien ne lui échappait et rien ne le laissait de sang-froid ; mais ses émotions tristes étaient cachées sous des plaisanteries, et jamais il ne semblait aussi gai que le jour où il éprouvait de vives contrariétés. Alors quelle verve de folie et de sagesse ! Le calme insouciant et moqueur de Mérimée le troublait bien un peu et le rappelait quelquefois à lui-même ; mais quand il s’était contenu, son esprit jaillissait de nouveau plus énergique et plus original.

Le salon de Mme Ancelot méritait sa place dans la nomenclature au moins autant que les précé-