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ANTHOLOGIE FÉMININE

les Veillées d’artistes, l’Atelier d’un peintre, Jeunes têtes et jeunes cœurs.

Ce n’est pas sans une indicible émotion que nous retrouvons ces vers dans lesquels nous avons appris à lire, et les premiers qui se sont fixés dans notre mémoire ; pendant toute mon enfance je ne pouvais m’endormir sans les répéter comme une prière :

Cher petit oreiller, doux et chaud sous ma tête,
Plein de plumes choisies, et blanc, et fait pour moi !
Quand on a peur du vent, des loups, de la tempête,
Cher petit oreiller, que je dors bien sur toi.

Et comme mon petit cœur se serrait, et les larmes me venaient aux yeux, en continuant :

Beaucoup, beaucoup d’enfants, pauvres et nus, sans mère,
Sans maison, n’ont jamais d’oreiller pour dormir,
Ils ont toujours sommeil, ô destinée amère !
Maman, douce maman ! cela me fait gémir.
................

Et je me rappelle aussi ma première institutrice m'apprenant à faire un petit geste de la main au-dessus de terre, en disant :

Un tout petit enfant s’en allait à l’école.
On avait dit : « Allez ! », il tâchait d’obéir,
Mais son livre était lourd, il ne pouvait courir.
Il pleure et suit des yeux une abeille qui vole.