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ANTHOLOGIE FÉMININE

jours gré de l’être ; leur reconnaissance est le prix de leurs propres bienfaits.

La politesse, chez une maîtresse de maison, consiste à alimenter la conversation et à ne s’en emparer jamais ; elle a la garde de cette espèce de feu sacré, mais il faut que tout le monde puisse s’en approcher.


LA DUCHESSE D’ABRANTÈS

(1784-1838)


Fille de M. de Pernon, qui avait acquis une grande fortune par l’entreprise de vivres à l’armée de Rochambeau, en Amérique, mais qui avait tout perdu à la Révolution, par sa mère d’origine corse, Paule connut Napoléon Bonaparte dès son enfance, puisqu’il venait chez ses parents les jours de vacances, alors qu’il était élève boursier à l’École militaire. Mariée plus tard à Junot, un des jeunes généraux du conquérant, elle vécut toujours dans l’orbite napoléonienne. Sa mère, très mondaine, la façonna au monde de bonne heure, et, pendant l’Empire et la Restauration, elle eut un des salons les plus courus de l’époque et fut une des femmes les plus en vue. Comme œuvre littéraire, elle n’a écrit qu’après la mort de son mari, alors qu’elle se retrouva, par suite de ses