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TROISIÈME PÉRIODE

Mais pour obtenir qu’une pensée sérieuse puisse trouver place au milieu des émotions des premiers pas de la vie, il est essentiel qu’une mère indulgente et sincère, se rappelant ce qu’elle a senti et éprouvé, laisse un libre cours aux impressions naturelles à cet âge.

La mère éclairée représente, à l’égard de sa fille, l’une de ces divinités surveillantes que les anciens plaçaient auprès des mortels ; c’est la sagesse, c’est la prudence, sous des traits plus doux et plus chers que ceux de Mentor. Elle doit seconder la conscience sans la remplacer ; elle doit condescendre à la jeunesse pour en être écoutée ; elle doit comprendre son naïf orgueil, son doux entraînement ; c’est en sympathisant avec elle qu’on peut prétendre à la conduire. Quels moyens d’influence et de persuasion n’aura pas une mère qui, s’armant ainsi de la seule vérité, conversant des avantages et des droits du bel âge, enseignera en même temps à sa fille sa liberté et ses devoirs ?

Je crois que l’on peut tirer pour la morale un grand parti de la beauté. La beauté est une puissance. Un beau visage attire les regards.


Penser, combattre et vaincre, voilà la véritable vie, voilà la source de l’intérêt ; hors de là, il n’y a que découragement et langueur.