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ANTHOLOGIE FÉMININE

toutes ses forces dans le moment présent et, appuyé sur son malheur, s’élance à de nouvelles destinées.

La gloire est le superflu de l’honneur ; et comme toute autre espèce de superflu, celui-là s’acquiert souvent aux dépens du nécessaire.

Sa nièce, Marguerite-Andrée-Élisa Dilson, Mme  Guizot (1804-1833), seconde femme du ministre, a écrit aussi quelques opuscules.

Elle écrivait, avant son mariage, à sa sœur, les lignes suivantes, contenant une appréciation que les oreilles féminines ne sont pas habituées à entendre :

Il y a dans la raison des hommes quelque chose de supérieur qui dédommage de la soumission ; leur volonté est calme, tandis que la nôtre s’agite sans cesse ; une multitude de petits incidents qui nous contrarient vivement ne les atteignent même pas : aussi veulent-ils moins fréquemment, mais plus également et plus durablement que nous. Dans tous les ménages que je vois, j’observe cette différence, et je suis persuadée que beaucoup de femmes très distinguées ont dû à cette dispensation de la Providence leur bonheur avec des maris qui n’avaient pas autant d’esprit qu’elles, mais dont le caractère ferme et calme donnait l’appui et le repos dont elles avaient besoin ;… on verra ce que des « femmes d’esprit comme nous » peuvent apprendre d’un homme médiocre.

On dit que je suis très instruite, et je sais bien que je le suis plus que la plupart des femmes ; eh bien, ma chère, je