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TROISIÈME PÉRIODE

dit venir de loin la procession de la fête, procession solennelle en effet, puisqu’elle était consacrée au culte du passé. Une musique agréable l’accompagnait ; les magistrats paraissaient à la tête des paysans ; les jeunes paysannes étaient vêtues selon le costume ancien et pittoresque de chaque canton ; les hallebardes et les bannières de chaque vallée étaient portées en avant de la marche par des hommes à cheveux blancs, habillés précisément comme on l’était il y a cinq siècles, lors de la conjuration de Grütli. Une émotion profonde s’emparait de l’âme en voyant ces drapeaux si pacifiques qui avaient pour gardiens des vieillards. Le vieux temps était représenté par ces hommes, âgés pour nous, mais si jeunes en présence des siècles ! Je ne sais quel air de confiance, dans tous ces êtres faibles, touchait profondément, parce que cette confiance ne leur était inspirée que par la loyauté de leur âme. Les yeux se remplissaient de larmes au milieu de la fête, comme dans ces jours heureux et mélancoliques où l’on célèbre la convalescence de ce qu’on aime......


Mme  GUIZOT, Née Pauline de Meulan

(1773-1827)


Elle eut des débuts très intéressants. Douée d’un réel talent littéraire, arrivée à Paris ruinée.