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ANTHOLOGIE FÉMININE

goût et son style. Toute enfant, elle rencontrait dans le salon de son père Marmontel, Buffon, Grimm, Francklin, Hume, Raynal, etc. Invitée par le gouvernement impérial à se tenir à quarante lieues de Paris, elle fit ce fameux voyage en Allemagne qui la mit en contact avec les grands esprits germaniques de l’époque ; à son retour, elle publia son ouvrage le plus important, l’Allemagne, qui fut saisi par le ministère, et la fit condamner à l’internement dans son château de Coppet, où il lui était interdit de recevoir même ses meilleurs amis. Heureusement pour elle, l’Empire ne dura pas longtemps, mais les événements désastreux qui mettaient fin à son exil ulcéraient en même temps son âme éminemment française.

Quand on parle de Mme de Staël au point de vue littéraire, on cite aussitôt Corinne. Certes, on ne peut nier à cet ouvrage un souffle puissant de grandeur et d’entraînement ; l’improvisation de Corinne au Capitole est un morceau qu’il faut avoir lu. Il est bon aussi de lire l’Allemagne, ouvrage essentiellement révélateur de ce pays que nous n’avons jamais assez cherché à connaître.

Mais c’est dans ses ouvrages philosophiques qu’on peut juger de l’étendue de son jugement.

Voici les titres des principaux ouvrages dus à sa plume féconde, mais à peu près oubliés aujourd’hui : de 1786 à 1822, elle en a publiés dix-huit, parmi lesquels les Lettres sur les écrits et caractères de