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TROISIÈME PÉRIODE

BARONNE DE STAËL-HOLSTEIN
(Anne-Louise-Germaine Necker)

(1766-1817)


{Mme|de Staël}} est la femme littéraire la plus importante et la plus discutée de l’époque ; à cheval sur les deux siècles, elle sert de transition entre l’école des Précieuses et l’hôtel de Rambouillet, où le joli et le gracieux s’alliaient à l’esprit.

Mme de Staël était laide, elle le savait ; elle voulut faire oublier qu’elle était femme, en étant savante. Aussi trouva-t-elle beaucoup de détracteurs, sans chômer pour cela d’adorateurs[1]. Comme écrivain, elle eut une véritable influence sur la littérature, et on fait à son nom l’honneur de le placer partout entre celui de Jean-Jacques Rousseau et de Chateaubriand. Le milieu où elle vécut toute sa vie devait contribuer à former son

  1. La vue de cette femme célèbre remplit d’abord d’une excessive timidité. La figure de Mme de Staël a été fort discutée. Mais un superbe regard, un sourire doux, une expression habituelle de bienveillance, l’absence de toute affectation minutieuse et de toute réserve gênante, des mots flatteurs, des louanges un peu directes, mais qui semblent échapper à l’enthousiasme, une variété inépuisable de conversation, étonnent, attirent, et lui concilient presque tous ceux qui l’approchent. Je ne connais aucune femme et même aucun homme qui soit plus convaincu de son immense supériorité sur tout le monde, et qui fasse moins peser cette supériorité. (Benjamin Constant.)