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ANTHOLOGIE FÉMININE

vous si je vous assurais que j’ai maintenant la conviction presque entière que nous serons un jour parfaitement d’accord et que nos esprits s’entendront comme nos cœurs s’entendent aujourd’hui ? Soyez bien persuadé que je ne vous aimerais pas comme je le fais si nous ne devions pas finir ainsi. D’abord nous ne sommes pas dans une route si opposée que vous le dites, car mes idées religieuses vous occupent ; vous les repoussez, il est vrai, mais vous y pensez, et c’est beaucoup. Elles font fermenter votre tête, elles agitent votre sang, elles vous irritent ; cela vaut bien mieux que si vous n’y songiez pas. Si je vous voyais, à cet égard, dans l’indifférence où je vois certaines personnes, je n’aurais aucune espérance et je croirais votre cœur mort avant vous. Si les idées religieuses mettent en un tel mouvement toutes les facultés de votre âme, c’est parce qu’elle a l’instinct que la vérité n’est que là. Ne riez pas, je vous prie, et laissez-moi vous parler de votre âme, que j’aime parce qu’elle est bonne, excellente, pleine de chaleur et de noblesse. N’apercevez-vous pas combien elle combat contre votre esprit, comme elle se révolte fièrement contre ce qu’il veut lui persuader… ? Je porte en moi-même un calme ravissant, une sérénité angélique. Je suis heureuse, je suis sure de l’être toujours : car mon bonheur n’est pas dans les événements, il est en moi. J’ai appris non seulement à me résigner, mais à aimer les peines que Dieu m’envoie ; elles ne sont que l’expiation de mes torts, et je bénis sa justice et sa bonté. Je ne m’enfoncerai jamais dans le chaos des sciences : ma piété n’a pas besoin de savoir, elle est toute dans mon cœur, elle est toute d’amour......