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TROISIÈME PÉRIODE

connues aux peuples du Midi. Au sud de Tobolsk s’étend le cercle d’Ischim ; des landes, parsemées de tombeaux et entrecoupées de lacs amers, le séparent des Kirguis, peuple nomade et idolâtre. À gauche, il est borné par l’Irtish, qui va se perdre, après de nombreux détours, sur les frontières de la Chine, et à droite par le Tobol. Les rives de ce fleuve sont nues et stériles ; elles ne présentent à l’œil que des fragments de rocs brisés, entassés les uns sur les autres, et surmontés de quelques sapins ; à leurs pieds, dans un angle du Tobol, on trouve le village domanial de Saimka ; sa distance de Tobolsk est de plus de six cents verstes. Glacé jusqu’à la dernière limite du cercle, au milieu d’un pays désert, tout ce qui l’entoure est sombre comme son soleil et triste comme son climat.

Cependant le cercle d’Ischim est surnommé l’Italie de la Sibérie, parce qu’il y a quelques jours d’été et que l’hiver n’y dure que huit mois ; mais il y est d’une rigueur extrême. Le vent du nord, qui souffle alors continuellement, arrive chargé des glaces des déserts arctiques, et en apporte un froid si pénétrant et si vif que, dès le mois de septembre, le Tobol charrie des glaces. Une neige épaisse tombe sur la terre, et ne la quitte plus qu’à la fin de mai......


LETTRE

Nos esprits vous semblent marcher dans une direction si opposée que vous ne pouvez expliquer que par la fatalité l’amitié qui nous unit l’un à l’autre. Eh bien ! que diriez-