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TROISIÈME PÉRIODE

duite à jamais : ce mot est lui ; il saura le soutenir, quoi qu’il en coûte. Il empreint sa moindre expression du sceau de son âme auguste et produit une impression profonde en le prononçant.

En revanche, les protestations les plus fortes de tel autre homme ne comptent pas : ce sont des assignats démonétisés dont on ne regarde plus le chiffre.

Quand on voit des peuples entiers succomber sous le poids des mots attachés à la dépréciation du langage ; quand on voit que, dans leur infortune, ils excitent à peine la pitié ; que des êtres distingués par les dons les plus brillants, les plus propres à émouvoir l’imagination des autres hommes, dans l’impossibilité de produire de l’impression, tombent dans le découragement ou sont réduits à recourir à une exagération ridicule, symptôme et effet désastreux qui affligent leur nation ; quand, au contraire, on voit combien des paroles rares et mesurées peuvent imposer de respect chez d’autres peuples, comment ne pas mettre le plus grand soin, dans l’éducation publique et particulière, à relever le prix du signe représentatif de la pensée !


Mme  DE SOUZA

(1761-1836)


Adélaïde Filleul, veuve en première noces du comte de Flahaut, mort sur l’échafaud en 1793,