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ANTHOLOGIE FÉMININE

ses facultés. L’âme qui n’exerce pas toutes ses forces subit un appauvrissement partiel, sans pouvoir se figurer ce qui lui manque. Un jeune cygne élevé loin de l’eau n’aurait pas l’idée distincte de l’eau, mais il languirait ; tour à tour agité, inquiet, ou livré à l’abattement, sa tristesse, sa maigreur, la teinte jaune de son plumage, indiqueraient assez que sa destination n’est pas remplie. À l’aspect d’une mare infecte, il pourrait s’y précipiter, et ce noble oiseau nageant dans la vase ne paraîtrait qu’un être vil, rebut et honte de la création. Mais donnez-lui la source vive, que l’onde pure des grands fleuves vienne à restaurer sa vigueur, et vous verrez ce qu’est le cygne. En peu de jours, sa blancheur éclatante, la grâce, la majesté, la rapidité de ses mouvements, vous montreront quelle était sa nature, quel élément avait manqué à son développement. Telle est notre âme ; elle peut vivre sans adorer Dieu, mais languissante et desséchée ; elle peut donner le change à ses désirs et se plonger dans la superstition. C’est là ce qu’on voit sur les bords du Gange ; mais sur ceux de la Tamise, mais sur les rives de l’Atlantique, où s’élève un monde nouveau, on apprend quel est l’essor que la religion donne à l’âme.


LA VÉRITÉ DU CARACTÈRE

Les paroles prennent chez chaque individu une valeur particulière dont on est averti par des indices très délicats, mais qui, dans leur ensemble, trompent rarement.

Cette valeur peut être très élevée.

Tel mot, prononcé par tel homme, répond de sa con-