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ANTHOLOGIE FÉMININE

tête de la phalange des femmes écrivains. Néanmoins, si les grandes lignes de son existence sont suffisamment connues, et si la mention de son nom figure dans les ouvrages pédagogiques, ses écrits ne sont pas vulgarisés autant qu’ils le méritent ; cela s’explique par l’absence de nouvelles éditions. Pour la lire, il faut avoir recours aux manuscrits ou à des éditions remontant aux premières années de l’imprimerie[1].

Christine de Pisan eut une enfance heureuse, somptueuse, quoique bourgeoise. Fille du Dr  Thomas de Pisan, le savant astrologue que Charles le Sage avait fait venir de Bologne et attaché à sa personne, elle vint avec sa mère, à l’âge de cinq ans, rejoindre son père installé au Louvre, et fut présentée au roi, qui, charmé de ses grâces enfantines et de son précoce esprit, promit de la faire élever à la cour comme la plus noble damoiselle.

À quatorze ans, Christine possédait ses auteurs anciens et écrivait correctement des vers en latin et en français, sans se douter qu’un jour son savoir deviendrait son gagne-pain et celui des siens. Son père, en vrai sage, lui choisit alors pour époux non un des brillants seigneurs de la cour qui au-

  1. Ces difficultés commencent à diminuer. La Société des Vieux Textes réédite les œuvres de Christine de Pisan par les soins de l’érudit M. Maurice Roy. Deux volumes de poésies sont déjà parus, deux autres sont en préparation, puis viendront les ouvrages en prose.