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TROISIÈME PÉRIODE

sance et le mépris des hommes l’ont corrigée. Cependant cette vanité va encore trop loin au gré de Zélinde même ; elle pense que la gloire n’est rien au prix du bonheur, mais elle ferait encore bien des pas pour la gloire.

Quand est-ce que les lumières de l’esprit commanderont aux penchants du cœur ? Alors elle cessera d’être coquette. Triste contradiction ! Zélinde, qui ne voudrait pas sans raison frapper un chien, écraser le plus vil insecte, voudrait peut-être dans de certains moments rendre un homme malheureux, et cela pour s’amuser, pour se procurer une espèce de gloire, qui même ne flatte pas sa raison et ne touche qu’un instant sa vanité ! Mais le prestige est court ; l’apparence du succès la fait revenir à elle-même. Elle n’a pas plutôt reconnu son intention qu’elle la méprise, l’abhorre, et veut y renoncer à jamais.

Vous me demanderez peut-être si elle est belle, ou jolie, ou passable. Je ne sais. C’est selon qu’on l’aime ou qu’elle veut se faire aimer. Elle a le teint éclatant, la taille belle ; elle le sait, et s’en pare un peu trop au gré de la modestie. Elle n’a pas la main blanche ; elle le sait aussi, et en badine ; mais elle voudrait bien n’avoir pas sujet d’en badiner. Tendre à l’excès, et non moins délicate, elle ne peut être heureuse par l’amour ni sans amour. L’amitié eut-elle jamais un temple plus saint, plus digne d’elle, que le cœur de Zélinde ? Se voyant trop sensible pour être heureuse, elle a presque cessé de prétendre au bonheur. Elle s’attache à la vertu ; elle fuit les repentirs, et cherche les amusements. Les plaisirs sont