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TROISIÈME PÉRIODE

médecin un peu vivement : « Comme on est impérieux quand on n’a plus le temps d’être poli ! »

Son traité de l’Éducation des femmes et son Essai de morale méritent de figurer dans toute bibliothèque féminine ; mais je ne les crois pas réédités.

Mme Campan a écrit de jolis portraits des filles de Louis XV.


MÉMOIRES[1]

. . . . . . . . . . . . . . . .

Madame Adélaïde, l’aînée des princesses, était impérieuse et emportée ; les bonnes religieuses ne cessaient de céder à ses ridicules fantaisies. Le maître de danse, seul professeur de talent d’agrément qui eût suivi Mesdames à Fontevrault, leur faisait apprendre une danse alors fort en vogue, qui s’appelait le menuet couleur de rose. Madame voulut qu’il se nommât le menuet bleu. Le maître résista à sa volonté : il prétendit qu’on se moquerait de lui à la cour quand Madame parlerait d’un menuet bleu. La princesse refusa de prendre sa leçon, frappa du pied, et répétait bleu, bleu ; rose, rose, disait le maître. La communauté s’assembla pour décider de ce cas si grave ; les religieuses crièrent bleu comme Madame ; le menuet fut débaptisé, et la princesse dansa.

Quand Mesdames, encore fort jeunes, furent revenues à la cour, elles jouirent de l’amitié de monseigneur le

  1. Nouvelle édition, collection Ollendorff.