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ANTHOLOGIE FÉMININE

L’écho gémit au loin : Philomèle craintive
  Fuit et n’ose sur cette rive
  Nous faire entendre ses accents.
L’oiseau seul de Pallas, dans ces cavernes sombres,
Confond pendant la nuit, avec l’horreur des ombres,
  L’horreur de ses lugubres chants.
Déesse de ces bords, ma timide ignorance
N’ose lever sur vous des regards indiscrets ;
Je ne veux point sonder les abîmes secrets
Où de l’astre du jour vous bravez la puissance,
  Lorsque sa brûlante influence
Dessèche votre lit ainsi que nos guérets.
Je ne demande point par quel heureux mystère
Chaque printemps vous voit plus belle que jamais,
  Tandis qu’au départ de Cérès
Vous nous offrez à peine une onde salutaire ;
Expliquez-moi plutôt les nouveaux sentiments
  Qui calment l’horreur de mes sens.
Quoi ! ces tristes déserts, ces arides montagnes,
  L’aspect affreux de ces campagnes.
Devraient-ils inspirer de si doux mouvements ?
Ah ! sans doute l’aurore y fit briller encore
Un rayon de ce feu que ressentit pour Laure
  Le plus fidèle des amants.
Pétrarque auprès de vous soupira son martyre ;
  Pétrarque y chantait sur sa lyre
  Sa flamme et ses tendres souhaits ;
Et tandis que les cris d’une amante trahie.
  Ou la voix de la Perfidie,