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ANTHOLOGIE FÉMININE

chose, parce qu’il est aussi amusant d’assembler des mots que des nœuds, et qu’il en coûte moins de symétriser des pensées que des pompons ; vous ne vous apercevrez que trop, Monsieur, que ces vers lui ont peu coûté, et vous lui direz que

Des vers faits aisément sont rarement aisés.

Elle se rappelle vos préceptes sur ce sujet, et ceux de Boileau, qui partage avec vous l’art de graver ses écrits dans la mémoire de ses lecteurs, et d’instruire l’esprit sans lui demander des efforts. Vos principes et les siens sont admirables, mais ils ne s’accordent pas avec la légèreté d’une personne de vingt et un ans, qui a beaucoup d’antipathie pour tout ce qui est pénible. Heureusement je rime sans prétention, et mes ouvrages restent dans mon portefeuille ; s’ils en sortent aujourd’hui, c’est parce qu’il y a longtemps que je désirais d’écrire à l’homme de France que je lis avec le plus de plaisir, et que je me suis imaginé que quelques pièces de vers serviraient de passeport à ma lettre ; je n’ai point eu d’autres motifs. Monsieur.

  Il est des femmes beaux esprits :
À Pindare autrefois, dans les jeux Olympiques,
  Corinne des succès lyriques
  Très souvent disputa le prix.
Pindare, assurément, ne valait pas Voltaire,
  Corinne valait mieux que moi :
  Qu’il faudrait être téméraire
  Pour entrer en lice avec toi !
Mais je le suis assez pour désirer de plaire