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DEUXIÈME PÉRIODE

escorte ; son corps passa vers minuit par le bois de Boulogne pour aller à Saint-Denis. À son passage, des cris de dérision ont été entendus : on répétait taïaut ! taïaut ! comme lorsque l’on voit un cerf, et sur le ton ridicule dont il avait coutume de le prononcer. Cette circonstance, si elle est vraie, ce que je ne puis assurer, montre bien de la cruauté : mais rien n’est plus inhumain que le Français indigné, et, il faut en convenir, jamais il n’eut plus de sujet de l’être ; jamais une nation délicate sur l’honneur et une noblesse naturellement fière n’avaient reçu d’injure moins excusable que celle que le feu roi nous a faite lorsqu’on l’a vu, non content du scandale qu’il avait donné par ses maîtresses et par son sérail à l’âge de soixante ans, tirer de la classe la plus vile, de l’état le plus infâme, une créature, la pire de son espèce, pour l’établir à la cour, l’admettre à table avec sa famille, la rendre maîtresse absolue des grâces, des honneurs, des récompenses, de la politique et de lui, dont elle a opéré la destruction, malheurs dont à peine nous espérons la réparation. On ne peut s’empêcher de regarder cette mort soudaine et la dispersion de toute cette infâme troupe comme un coup de la Providence. Toutes les apparences leur permettaient encore quinze ans de prospérité, et, si leur attente n’eût été déçue, jamais les mœurs et l’esprit national n’auraient pu s’en relever......