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ANTHOLOGIE FÉMININE

ses passions, contraires dans l’enfance, cherchent alors à se développer, à s’autoriser par l’exemple des nouveaux personnages avec lesquels elle commence à figurer. En lui supposant la meilleure éducation, il est à craindre que les impressions n’en soient effacées par celles que font les maximes dangereuses et corrompues qu’elle entend alors. Que ne doit-on pas craindre pour celle qui n’apporte dans ce pays, si nouveau pour elle, que des passions indomptées ou flattées, une ignorance totale, des préjugés puérils, pour ne rien dire de pis ? Sa perte devient inévitable.

On est surpris de voir augmenter tous les jours le nombre des femmes méprisables ; un peu de réflexion, et l’on s’étonnera plus sensément de ce qu’on en trouve encore un si grand nombre de vertueuses.

N’écoutons point l’amour-propre dans l’éternel panégyrique qu’il nous fait de nous-mêmes. Jetons les yeux sur notre cœur, et avouons de bonne foi que nous trouvons en nous le germe de tous les vices, l’estime de tous les faux biens, la haine de la contrainte, l’amour de la liberté, qui touche à celui du libertinage. C’est avec toutes ces dispositions aux maladies mortelles de l’âme que nous nous jetons sans précaution au milieu d’un air pestiféré sans le moindre préservatif. Faut-il s’étonner des chutes fréquentes qui frappent et effrayent le spectateur.

La vertu peut seule diminuer les maux inévitables de cette vie. Voilà ce que la plus grande partie des gouvernantes sont incapables de faire. Les mères le sont-elles davantage, elles qui devraient sur cela donner le ton aux