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N ous commençons notre Anthologie avec les premiers écrivains féminins qui se sont servis de la langue française proprement dite, laissant de côté la savante et touchante Héloïse[1], ainsi que d’autres auteurs dont les écrits en latin ou en langue romane sortent de notre cadre.

Nous arrêterons cette première période à Mlle de Gournay, qui termine la série des femmes écrivains du XVIe siècle. Nous avons pensé qu’il serait curieux et intéressant de tirer de l’obscurité quelques noms oubliés, et d’étendre dans une certaine mesure l’exposé de cette naïve et suave littérature qui va du Moyen âge à la Renaissance et ne manque ni de charme ni de richesse, en cette parleur la plus delitable[2] d’une langue qui sort de l’enfance et marche rapidement à la virilité. De par la loi constamment observée dans les développements de l’humanité, la prose est toujours précédée par la poésie, aussi les poètes abondent-ils, rimant, non sans art ni harmonie, des pensées sérieuses et élevées mêlées à la plus exquise sensibilité, dans les gracieux rondeaux et virelais, les chevaleresques ballades et les récits épiques.

  1. Lire l’excellente traduction des Lettres d’Héloïse, publiée avec le texte latin et précédée d’une introduction sur le Paris au Moyen âge, par M. A. Gréard, de l’Académie française.
  2. Brunelli Latini, Livre du Trésor.