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ANTHOLOGIE FÉMININE

gea à les redoubler. Elle combattit d’abord mes idées de retraite, voulut en pénétrer toutes les raisons, me donna lieu d’alléguer les embarras et les dégoûts où m’exposait sans cesse la situation équivoque où j’étais auprès d’elle. Les distinctions qu’elle m’avait accordées depuis que j’avais quitté le titre et les fonctions de femme de chambre n’avaient pas des limites précises. Je ne savais presque jamais si j’étais dedans ou dehors. Pour peu que je les passasse, ou sans m’en apercevoir, ou par ordre de sa part, les mines et les murmures de ses dames, attentives à la distance qui devait être entre elles et moi, m’y faisaient désagréablement rentrer. Je lui présentai ces inconvénients comme une excuse du parti que je songeais à prendre : quoique ce n’en fussent pas les véritables motifs, ils étaient plus propres à la frapper qu’aucun autre. Elle me dit qu’il y avait moyen d’y remédier en me faisant épouser un homme de condition qui me mettrait de niveau à toutes les dames de sa cour ; que les charges que possédait M. le duc du Maine le mettaient à portée de faire la fortune de beaucoup de gens ; qu’on trouverait sans peine quelque officier sous les ordres de ce prince qui, pour son avancement, entendrait à ce mariage ; qu’elle allait chercher quelqu’un propre à remplir ses vues à cet égard, et qui d’ailleurs me conviendrait. Je crus que la découverte n’en serait pas facile. Loin donc de m’opposer à la bonne volonté de Mme la duchesse du Maine, je lui témoignai de la reconnaissance du soin qu’elle voulait prendre de mon établissement.